ORFEU NEGRO
(1959)
μια ταινία του
Marcel Camus
vendredi 21 février 2014
samedi 15 février 2014
ΟΙ ΕΡΩΤΕΥΜΕΝΟΙ
SZÁNTÓ PIROSKA, "Lovers", 1986
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JAIME SABINES
LOS AMOROSOS
Los amorosos callan.
El amor es el silencio más fino,
el más tembloroso, el más insoportable.
Los amorosos buscan,
los amorosos son los que abandonan,
son los que cambian, los que olvidan.
Su corazón les dice que nunca han de encontrar,
no encuentran, buscan.
Los amorosos andan como locos
porque están solos, solos, solos,
entregándose, dándose a cada rato,
llorando porque no salvan al amor.
Les preocupa el amor. Los amorosos
viven al día, no pueden hacer más, no saben.
Siempre se están yendo,
siempre, hacia alguna parte.
Esperan,
no esperan nada, pero esperan.
Saben que nunca han de encontrar.
El amor es la prórroga perpetua,
siempre el paso siguiente, el otro, el otro.
Los amorosos son los insaciables,
los que siempre - ¡qué bueno! - han de estar solos.
Los amorosos son la hidra del cuento.
Tienen serpientes en lugar de brazos.
Las venas del cuello se les hinchan
también como serpientes para asfixiarlos.
Los amorosos no pueden dormir
porque si se duermen se los comen los gusanos.
En la obscuridad abren los ojos
y les cae en ellos el espanto.
Encuentran alacranes bajo la sábana
y su cama flota como sobre un lago.
Los amorosos son locos, sólo locos,
sin Dios y sin diablo.
Los amorosos salen de sus cuevas
temblorosos, hambrientos,
a cazar fantasmas.
Se ríen de las gentes que lo saben todo,
de las que aman a perpetuidad, verídicamente,
de las que creen en el amor como en una lámpara de inagotable aceite.
Los amorosos juegan a coger el agua,
a tatuar el humo, a no irse.
Juegan el largo, el triste juego del amor.
Nadie ha de resignarse.
Dicen que nadie ha de resignarse.
Los amorosos se avergüenzan de toda conformación.
Vacíos, pero vacíos de una a otra costilla,
la muerte les fermenta detrás de los ojos,
y ellos caminan, lloran hasta la madrugada
en que trenes y gallos se despiden dolorosamente.
Les llega a veces un olor a tierra recién nacida,
a mujeres que duermen con la mano en el sexo, complacidas,
a arroyos de agua tierna y a cocinas.
Los amorosos se ponen a cantar entre labios
una canción no aprendida.
Y se van llorando, llorando
la hermosa vida.
JAIME SABINES (1926-1999)
***
LES AMOUREUX
Les amoureux se taisent.
L'amour est le silence le plus fin,
le plus hésitant, le plus insupportable.
Les amoureux cherchent,
les amoureux sont ceux qui abandonnent,
ils changent, ce sont eux qui oublient.
Leur cœur leur dit qu'ils ne trouveront jamais,
ils ne trouvent pas, ils cherchent.
Les amoureux sont comme des fous
parce qu'ils sont seuls, seuls, seuls,
à s'abandonner, à se donner à tout moment,
à pleurer parce qu'ils ne sauvent pas l'amour.
L'amour les préoccupe. Les amoureux
vivent au jour le jour, ils ne peuvent, ils ne savent pas faire autre chose.
Ils s'en vont tout le temps,
toujours, vers quelque part.
Ils attendent,
ils n'ont d'espoir en rien mais ils attendent.
Ils savent qu'ils ne trouveront jamais.
L'amour est la perpétuelle rallonge,
toujours le prochain pas, l'autre, et puis l'autre.
Les amoureux sont les insatiables,
ceux qui toujours - heureusement! - seront seuls.
Les amoureux sont l'Hydre de l'histoire.
Ils ont des serpents à la place des bras.
Les veines de leur cou enflent
comme des serpents pour les asphyxier.
Les amoureux ne peuvent dormir
parce que s'ils dorment les vers vont les manger.
Dans le noir, ils ouvrent les yeux
et la terreur leur tombe dessus.
Ils trouvent des scorpions sous les draps
et leur lit flotte comme sur un lac.
Les amoureux sont fous, ils ne sont que fous,
sans Dieu et sans diable.
Les amoureux sortent de leur caverne
tout tremblants, affamés,
pour chasser le fantôme.
Ils se rient de ceux qui savent tout,
de ceux qui aiment à perpétuité, pour de vrai,
de ceux qui croient que l'amour est une lampe à l'huile inépuisable.
Les amoureux jouent des jeux: attraper l'eau,
tatouer le brouillard, ne pas s'en aller.
Ils jouent au long, au triste jeu de l'amour.
Personne ne doit se résigner.
Ils disent que personne ne doit se résigner.
Les amoureux ont honte de toute conformation.
Vides, vides de part en part,
la mort fermente derriére leus yeux,
et ils marchent, ils pleurent jusqu'à l'aube
quand trains et coqs prennent leur douloureux congé.
Ils sentent parfois le parfum d'une terre qui vient de naître,
l'odeur de femmes qui dorment une main sur le sexe, satisfaites,
le parfum de sources de terre tendre, l'odeur de cuisines.
Les amoureux se mettent à chantonner des chansons
qu'ils n'ont pas apprises.
Et ils s'en vont en pleurant, en pleurant
la belle vie.
JAIME SABINES (1926-1999)
(traduit par Emile Martel)
***
THE LOVERS
The lovers fall silent.
Love is the finest, the most shuddering,
the most unendurable, silence.
The lovers seek,
they are the ones who relinquish,
those who change, who forget.
Their hearts tell them that what they look for,
what they seek, they will not find.
The lovers go around like lunatics
because they are alone, alone, alone;
yielding, giving themselves up at every turn,
crying because they can't hold on to their love.
Love obsesses them. The lovers live
for today; knowing little else, it's all they can do.
They are always going,
forever heading elsewhere.
They wait
for nothing, but they wait.
For what they know they'll never find.
Love is a perpetual prolongation,
always the next, no, the following, step.
The lovers are incorrigible,
those who always - good for them! - have to be alone.
With serpents for arms, the lovers
are the hydra of the tale;
their neck-veins, too, swell up, serpent-
like, in order to throttle them.
The lovers cannot sleep,
for if they did the worms would devour them.
They open their eyes in the darkness
and terror seizes them.
They see scorpions beneath the sheets
and their bed floats as though on a lake.
The lovers are mad, stone mad,
forsaken of God and Satan.
Trembling and famished,
the lovers come out of their caves
to hunt ghosts.
They laugh at those who know everything,
at those who love forever, heart and soul,
those who believe in love as in an lamp filled with inexhaustible oil.
The lovers play at gathering water,
at tattooing smoke, at going nowhere;
they play the long, sorrowful game of love.
You don't have to give in;
no one has to give in, they say.
The thought of conforming to anything mortifies them.
Hollowed out (picked clean from one rib to the next),
Death gradually distills behind their eyes,
and they cry and wander, adrift, until daybreak,
when trains and roosters bid their painful farewell.
Sometimes, the smells of damp earth, of women
who sleep, soothed, a hand between their thighs,
of trickling water, and of kitchens, reaches them,
and the lovers begin to sing between pursed lips
a song never learned.
And they go on crying, crying for
this beautiful life.
JAIME SABINES (1926-1999)
(translated by Colin Carberry)
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